(edel & viggoh) Somebody help me !

Le jour est à peine levé lorsque Jonas pénètre dans la chambre de sa maman pour se glisser dans son lit. Edel sent les petites mains de son fils venir s'accrocher à sa taille, et son visage s'enfoncer dans son cou. Ce réveil-là, c'est le meilleur qui soit, parce que c'est juste lui et elle, comme depuis toujours, ou presque. Il est son souffle, sa chair, son sang, la totalité de son amour dans ce petit être de huit ans. Huit années à respirer pour deux, à penser pour deux, à ne penser qu'à lui finalement. "Je t'aime maman." lui chuchote-t-il dans l'oreille. Edel le serre alors encore plus fort contre elle. "Moi je t'aime jusqu'au delà des étoiles", lui glissa-t-elle. Jonas se mit à rire, comme à son habitude lorsqu'elle prononçait ces quelques mots. "Comme Buzz l'Eclair !!" Il se mit debout dans le lit, Le Bras en avant, imitant son jouet avec passion.

"Allez Jonas, met ton manteau s'il te plait." La jeune maman enfilait sa veste, son écharpe, vérifia son allure dans le miroir puis boutonna jusqu'en haut la doudoune de son fils. Comme promis, ils allaient se balader au parc, le petit garçon adorait aller là-bas et prendre un peu l'air ne ferait pas de mal à sa mère qui ne sortait guère de la maison en ce moment. Les fêtes n'étaient pas le moment de l'année qu'elle préférait, probablement parce que dans sa famille, ça avait toujours été très compliqué entre eux. Cette année, elle avait fait le réveillon avec son fils et sa soeur, à trois, et bien qu'elle ait tenté de faire bonne figure pour lui, elle aurait rêvé de pouvoir lui offrir autre chose. Ils marchèrent un moment, puis Jonas se dirigea à toute allure vers un parc d'enfants, dans lequel jouaient déjà quelques gamins de son âge, plus ou moins. Edel s'installa sur un banc, sur le côté, et sortit son téléphone. Les notifications pleuvaient et elle en lisait quelques unes... Lorsqu'elle leva la tête quelques instants plus tard, elle chercha Jonas du regard. A droite... à gauche... Son coeur s'accéléra, elle se leva d'un bond et sans rien contrôler, se mit à crier le prénom de son fils. Elle courait autour des jeux, sous l'oeil déconcerté des parents alentours. "JONAS !!!" se mit-elle à hurler, les larmes ruisselants le long de ses joues déjà maquillées dès les premières heures matinales. Son fils ne répondait pas, et soudain, tout le monde se mit à chuchoter, à chercher, à crier... Jonas avait disparu.

Viggoh regarda Agathe partir avec dans sa voiture ses affaires. Elle avait décidé de partir pour retourner dans son pays : ne supportant plus cette ville. Les adieux avaient été amères et pourtant, ils avaient tous les deux comprit que cela était la meilleure chose. Ils n’avaient pas franchis le pas, le mariage n’avait pas été prononcé : ils avaient donc pris la bonne décision. La plus difficile, mais la plus salvatrice. Suite au baiser échangé avec Silja : il savait d’hors et déjà que plus jamais il ne serait capable d’embrasser d’autres lèvres. Elle l’avait un peu plus ensorcelée et il était maintenant condamné à aller vers elle en espérant que ce n’était pas qu’un coup de tête : qu’il y avait plus qu’un simple baiser dans leur avenir. Une fois la porte fermée, il se retourna et souffla un grand coup en remarquant que la maison semblait soudainement immense et bien moins vivante. Oppresser par ce sentiment, il attrapa son manteau, son écharpe et ses gants avant de sortir de chez lui pour aller se promener.
En marchant dans les rues, il traversa pour se diriger vers le parc : c’est alors qu’il vit à l’entrée un petit garçon. Le visage baignée dans les larmes sous le regard des passants qui ne s’arrêtent pas. Viggoh s’approcha de lui et s’acroupit :

“Hey bonhomme… Tu es perdu ?” Il hocha la tête en pleurant un peu plus. Offrant à l’enfant un sourire bienveillant, il regarda autour d’eux : “Elle est où ta maman ? Ou bien ton papa ?” Pas de réponses. Il se redressa pour avoir une meilleure vision avant de proposer : “Et si on retraçait tes pas hm ? C’est ce que je fais quand j’ai perdu quelque chose.” Le garçon renifla, faisait son possible pour arrêter de pleurer. Il hocha vivement la tête et commença à rebrousser le chemin.

Inquiet pour la sécurité du môme, il le suivit à une distance respectable en lui offrant des sourires quand il se retournait pour vérifier qu’il était là. En le voyant courir vers une femme : il souffla de soulagement et s’approcha d’eux. Il laissa quelques instants la maman et son fils se retrouver avant de faire un pas de plus en avant.

“L’m’sieur il m’a aidé à te retrouver…” Renifla le petit garçon. Viggoh hocha la tête : “Je suis sincèrement heureux qu’il vous ait retrouvé.” Il arborait un sourire doux, bienveillant à nouveau : voulant montrer qu’il ne pensait absolument pas à mal en ayant suivis cet enfant. Il n’était pas un détraqué. “Viggoh.” Se présenta-t-il en tendant sa main.

Son coeur battait à un rythme effréné... Jonas était la prunelle de ses yeux, sa raison de vivre, et la peur qui l'envahissait était à la hauteur de l'amour qu'elle portait à la chair de sa chair. Autour d'elle, les gens venaient aux nouvelles, essayer de comprendre la raison à sa crise. Elle tentait de leur expliquer, une boule au ventre l'empêchant vraisemblablement d'être précise, les sanglots bloquant les mots qui restaient coincés dans sa gorge. Mon fils a disparu. Des mots impossibles à prononcer tant ils sont douloureux. Des passants les regardaient, d'autres courraient pour chercher un garçon tout seul, ou pire encore, une camionnette qui s'enfuirait en trombe, des inconnus à l'air coupable... Edel hurlait, pleurait, paralysée par l'angoisse. Des mamans la prenaient dans leur bras, tentaient de la rassurer tant bien que mal mais rien y faisait. Elle finit par chercher partout, elle fit le tour de l'aire de jeux, une fois, deux, trois fois, retourna à l'entrée du parc, refit le chemin dans les deux sens, puis le tour du bosquet. Puis elle tomba nez à nez sur Jonas.

Les larmes ruisselaient sur son visage, les nerfs qui tombaient, le soulagement, un mélange d'émotions inexplicables qui se traduisait en une étreinte prolongée. "Maman, tu me fais mal..." Edel attrapa son fils par les épaules, elle était accroupie, et le garda face à elle. "Tu m'as fait tellement peur !" Et elle l'amena vers elle une nouvelle fois, elle avait besoin de le sentir près d'elle. Son fils lui montra un homme du doigt, qu'elle tenait à remercier chaleureusement. Edel se releva, attrapa son fils par la main et avança vers cet inconnu. "Merci Monsieur, du fond du coeur, vous n'imaginez pas à quel point j'étais paniquée..." Il lui tendit la main, se présenta, et la jeune maman préféra lui faire une accolade, parce qu'elle avait besoin de remercier cet homme qui lui avait ramené son petit bébé, l'amour de sa vie. "Pardon..." Fit-elle en réalisant qu'elle avait peut-être exagéré en prenant ce monsieur dans ses bras. "Je m'appelle Edel, et voici Jonas. Comment est-ce que je peux vous remercier hein ? Est-ce que vous avez mangé ? Je vous invite à déjeuner ? Je connais un petit restaurant sympa pas très loin, et je vous dois au moins ça ! Dites oui..." Jonas sautilla sur place. "Oui Monsieur Viggoh, dites oui..." Il le regardait avec cet air innocent auquel sa mère ne résistait jamais.