(The Wintelands) Guess who's back ?

Guess who's back ?

Voilà maintenant quelques semaines que Rasmus était revenu sur sa terre natale, et grand bien lui en faisait. L'air pur et frais de Trondheim lui rappelait combien sa famille, ses amis, et les rues de sa ville lui avaient manquées, combien il se sentait lui-même ici, combien il était... libre. Bien sûr, ce serait mentir de dire qu'il ne pensait pas à sa femme, mais s'il était honnête, il devait avouer y penser de moins en moins, s'amusant même à retirer cette alliance qu'il n'avait pourtant jamais quittée depuis son union à Sanna. Il était parti sans un regard, sans une explication, sur une énième dispute. Il n'y avait plus de communication entre eux depuis trop longtemps, et la distance lui permettait de réaliser que ce départ avait été le bon choix. Peut-être avaient-ils pris des chemins différents en vieillissant, peut-être n'étaient-ils plus les mêmes personnes que ces deux gamins devant l'autel. A Trondheim, il retrouvait Phedra, il retrouvait ses parents, il avait retrouvé sa bande du lycée avec qui il enchainait les soirées, et s'ils n'étaient pas dispo, alors ses collègues l'étaient et le lever de coude était devenu son sport de prédilection.

Ce soir-là n'avait rien de singulier, il avait franchi les portes de l'hôtel aux environs de vingt-et-une heure, déjà réchauffée par quelques verres dans le bar du coin de la rue. Le bar de ce quatre étoiles était réputé pour servir les meilleurs scotchs du coin, alors aucune raison de se priver des bonnes choses, telle était leur devise. Accoudé au comptoir, Rasmus vit s'installer à côté de lui une jolie blonde, pulpeuse, aguicheuse à souhait. Machinalement, il vérifia son annulaire... nu. Ouf. Il fit signe au barmaid de servir la jeune demoiselle, tout en lui offrant ce sourire charmeur qui ne lui laisserait d'autre option que l'envie de prolonger ce jeu malsain mais excitant. C'est en voulant faire signe à l'un de ses amis sorti fumer qu'il la vit. Ainsi donc, elle n'avait pas compris qu'il avait besoin d'air, que ce départ était inéluctable ? Il se leva de son tabouret, il avait oublié cette blonde, il ne voyait plus qu'elle : Sanna. "Pourquoi t'es là ?" Pas un bonjour, pas un baiser, pas un geste tendre, mais beaucoup de maladresse.

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Pando

Guess who's back ?

La situation était cauchemardesque. Sanna était à Trondheim. Le choc. Sanna, Trondheim, Sanna, Trondheim. Ces mots résonnaient dans sa tête tandis qu'il restait là, béant, face à sa femme. Machinalement, il jeta un regard à cette jolie blonde au bar qui lui envoya un regard noir. Elle avait compris, sûrement même plus vite que lui ce qui était en train de se passer. Et puis son regard se posa dans l'océan bleu des yeux de Sanna. La mer était en colère, il voyait les vagues venir l’assommer à travers cette étendue bleue qui n’avait jamais été qu’amour auparavant. Ses traits étaient tirés, elle avait l’air fatiguée. En même temps, le spectacle qu'il venait de lui donner n'avait sûrement pas aidé à la détendre. Et puis, il reprit ses esprits. Qu’est-ce qu’elle foutait là ? Elle lui tendit sa valise, et il attrapa la poignée, posant ses doigts nus sur l’anse. Rien n’échappait à Sanna, il le savait pourtant, mais il était sous le choc, gêné, tendu, en colère, déçu, et un brin satisfait malgré tout de voir qu’elle avait tout ce chemin pour lui, c’était gratifiant, son ego s’en autocongratulais. Son alliance ? Son alliance ! Et merde... Il aurait pu prétexter tout un tas de raisons, se chercher des excuses, se confondre en mensonges, mais au lieu de ça, il ne dit rien. Comme à son habitude, il fuyait le conflit, il n’avait pas envie de se lancer dans une engueulade au beau milieu de la rue, et encore moins de s’afficher. “N’importe quoi, bon, si t’es là, c’est parce que tu voulais m’espionner ? Tu voulais vérifier que je travaillais bien ? Tu venais pleurer sur ton sort auprès de ma famille ? Hein ? Parce que je n’ai pas reçu de message, hein, aucun message me disant que tu arrivais.” Il sortit son téléphone, et ouvrit leur conversation. Le dernier message datait d’au moins deux semaines. “T’es pathétique.” finit-il par lâcher, excédé d'avoir été pris en flagrant délit, excédé d’avoir l’air d’un con, excédé de se sentir piégé. Il aurait pu réagir différemment, il aurait même dû. Un simple “Je suis heureux de te voir” aurait probablement pu calmer les choses, mais il était trop fier Rasmus, et il était surtout trop dans la merde. Parce que cette blonde au bar, au fond, il n’en avait rien à faire, mais il y avait Nami... Et puis Sanna restait sa femme, il avait de l’affection pour elle, il ne voulait pas lui faire de mal. Il réagissait comme un abruti, sûrement parce qu'il était devenu le plus gros des goujats, parce que ses démons l'avaient rattrapé, parce qu'il n'était plus l'homme qu'elle aurait aimé qu'il soit.  

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