wesołych świąt - Simen H.

Vivre au milieu des bois, ou en tous cas à l’orée d’une forêt bien fournie, avait de nombreux avantages, et quelques inconvénients. Le premier avantage, c’est qu’une grande partie du temps, il était complètement seul, et c’était ce que Simen recherchait lorsqu’il avait décidé de s’installer dans cette cabane au milieu des arbres. Mais à cette période de l’année, les enfants n’allaient pas à l’école, il y avait beaucoup de neige et ils s’amusaient à venir faire des batailles de boules de neige, qui bien trop souvent se terminaient dans son jardin. Evidemment, il ne s’agissait pas d’un jardin en soi mais plutôt d’un grand espace ouvert où il pouvait se prélasser lorsque le printemps pointait le bout de son nez.
Simen vivait de manière autonome, il se rendait au magasin une fois par semaine pour la nourriture mais le reste du temps, pour se chauffer par exemple, il se contentait de couper quelques buches dans le jardin, juste devant le bâtiment qui lui servait d’espace de stockage pour que le bois soit toujours sec. Il voulait éviter de bruler du bois humide, ce qui était non seulement mauvais pour l’environnement mais surtout, ça mettait des plombes à brûler.

La journée était bien avancée, la pénombre était tombée depuis longtemps sur la ville de Trondheim, quand il regarda au-dehors puis se rendit compte qu’il n’avait plus de buches dans le panier qui se trouvait à côté de la cheminée. Le froid commençait à pénétrer son foyer et il faudrait bien vite qu’il allume un feu. Il enfila une veste bien épaisse, noire, puis mit un bonnet pour se couvrir la tête et sortit de sa cabane pour se rendre à l’espace réservé aux buches. Il prit quelques morceaux de bois, qu’il posa délicatement sur un tronc coupé, attrapa sa hache et l’abattit sur des morceaux de bois. Il réitéra l’opération une dizaine de fois avant de rentrer les buches à l’intérieur.
Alors qu’il sortait pour rentrer les deux dernières buches, une silhouette se dessina et hurla de terreur en arrivant devant lui. Simen fut à son tour surpris, et les deux morceaux de bois tombèrent sur le sol, dont un sur son pied gauche, ce qui lui cause une douleur qui provoqua une grimace.

Oh merde, vous m’avez fait peur aussi.

Il s’abaissa pour passer une main sur son pied douloureux puis reporta son attention sur la jeune femme quand elle mentionna le groupe de paroles. Mais oui, Josefine, il s’en souvenait bien. Il se rendait toujours aux séances mais avec la reprise de son boulot, et les fêtes de fin d’année, il n’y était plus allé depuis au moins trois semaines. On oublie vite des visages que l’on connait à peine quand on ne les voit pas suffisamment longtemps. Le professeur lui sourit vaguement avant de répondre :

Oui bien sûr, Josefine, je me souviens. C’est bien ça oui, Simen. J’habite ici, à l’entrée de la forêt.

Un détail dont ils n’avaient pas discuté la première fois, alors forcément, elle se retrouvait surprise quand elle voyait une silhouette masculine sortir de la pénombre à l’orée des bois.

Vous veniez vous promener ?

Elle s’était fortement éloignée du centre-ville, alors il supposait que c’était pour une promenade de santé. Beaucoup d’habitants de la ville venaient se promener par ici, malgré la nuit tombée. Ils avaient tellement l’habitude que ce n’était pas un problème.  

Il savait de quoi elle parlait, il la comprenait, plus qu’elle ne pouvait sans doute l’imaginer. En réalité, Simen avait aussi parfois cette sensation d’avoir les murs qui se refermaient sur lui, et c’est pour ça qu’il était venu habiter dans un chalet tout près de la forêt. Il pouvait s’échapper de là tant qu’il le voulait, il pouvait aller promener, profiter de la présence bienveillante de son chien pour aller prendre l’air, respirer de grandes bouffées d’air frais, puis il rentrait chez lui, calmé. Il eut un petit sourire en l’écoutant. Décidément, ils se ressemblaient plus qu’il ne l’aurait imaginé au départ.

Je peux comprendre ça. C’est pour ça que la forêt me fait du bien.

Il sourit légèrement avant de prendre la bûche qu’elle lui tendait. Il était content d’avoir de la visite, même si visiblement, la jeune femme n’avait pas la moindre idée de l’endroit où elle se trouvait, elle ne savait pas qu’elle se trouvait sur son terrain privé mais ce n’était pas grave, il y avait tellement de personnes qui venaient se perdre par ici, tellement de personnes qui profitaient de la beauté de la nature avec comme point de départ sa cabane, comme s’il était une sorte de gardien de la forêt. Il saluait quelques gamins qui venaient jouer, d’autres touristes qui arrivaient avec leurs skis.
Lorsque la jeune femme remarqua son envie d’être dans la tranquillité extrême de la forêt, Simen sourit. C’était en effet le but, il ne supportait plus de vivre dans le centre-ville et avait décidé de prendre ses quelques affaires et d’aller vivre en-dehors de la ville. Trondheim n’était pas une très grande ville, il n’était de toute façon jamais très loin de la ville.

Ah oui ? On est bien ici vous savez. Mais c’est sûr que c’est loin de l’agitation de la ville. Moi c’était ce que je voulais fuir, même si je bosse en ville.

Alors qu’il s’apprêtait à libérer la jeune femme de sa présence inquiétante dans le noir, le ciel s’éclaira et une aurore boréale se mit à l’illuminer de mille feux. Simen leva les yeux au ciel et sourit, comme un gamin alors qu’il était habitué à la beauté de ce spectacle. Mais pouvait-on réelle s’y habituer ? Quand la jeune femme lui raconta la légende Inuit sur les aurores boréales, il posa les yeux sur elle, surpris qu’elle connaisse cette histoire. Il connaissait, en bon norvégien, toutes les légendes que l’on racontait sur les aurores boréales, et il était fasciné par les histoires que l’on pouvait raconter dans les différentes cultures.

Il existe tellement d’histoires, mais c’est vrai que celle-ci est particulièrement adorable.

Simen commençait à se refroidir, et il pouvait voir aux gestes de Josefine qu’elle aussi avait froid. Quand elle lui demande s’il vivait seul, il tourna la tête vers sa cabane et lui répondit :

Oui, seul. Avec mon chien qui doit sûrement se réchauffer devant la cheminée. Je peux vous offrir une boisson chaude ? Vous devez être frigorifiée.

Simen était quelqu’un de profondément gentil et généreux, et ça se voyait souvent au travers de ses gestes.
 

Une rencontre étrange, dans le noir, dans le froid, à l’orée de la forêt. Simen ne rencontrait jamais grand-monde par ici, mais il n’hésitait pas à aider les passants quand c’était nécessaire. Il ne s’attendait pas à voir Josefine par ici. Une rencontre banale qui avait eu lieu au sein de leur groupe de parole, une rencontre à laquelle il ne s’était pas forcément attendu.
Il n’avait jamais été quelqu’un de sensible ou de sociable, mais il se rendait compte que ça pouvait lui porter préjudice, alors il s’était un tout petit peu forcé à lui proposer de rentrer chez lui pour se réchauffer. Ou plutôt non, il ne se forçait pas, mais cette cabane dans la forêt, c’était son havre de paix, l’endroit dans lequel il se sentait en sécurité, là où il pouvait être pleinement lui-même sans que ça ne gêne personne. Sa famille ne comprenait pas qu’il se soit autant renfermé sur lui, qu’il n’adresse plus la parole à personne, même au sein des siens. Mais il n’avait jamais été bavard, encore moins avec son père qui restait aussi taciturne que toujours il l’avait été.

Elle semblait avoir réellement froid, ce qui était plutôt étonnant puisque la météo actuelle était somme toute assez commune en Norvège. Il faisait un peu plus froid, on était en plein hiver profond, mais rien de neuf sous le ciel blanc et pourtant ensoleillé de leur pays.

Super, suivez-moi.

La couche de neige était particulièrement épaisse par ici, parce que Simen ne passait que rarement son temps à déblayer la neige devant chez lui. Il avait une grosse voiture, il portait régulièrement des bottes qui lui évitaient de trop s’enfoncer dans la neige, et puis surtout, il s’en fichait complètement. Il y avait tellement de passage, de skieurs, snowboardeurs et autres véhicules conduits par des ouvriers de la commune de Trondheim qui passaient devant la cabane que finalement, la couche n’avait pas le temps de rester aussi épaisse très longtemps. Mais aujourd’hui, la neige tombait abondamment.
Alors que la jeune femme le suivait, elle s’enfonça particulièrement dans la neige et Simen, dans un geste de réflexe, attrapa son bras pour la rattraper.

Oula, il faut faire attention. Le coin peut être dangereux si on ne regarde pas où on marche.

Il marchait toujours doucement, justement pour éviter ce genre de mésaventures. Simen arriva sous le porche de sa maison et aida Josefine à le rejoindre avant de lui répondre :

Je vous fais confiance.

Il sourit avant d’ouvrir la porte de la cabane, dont la chaleur l’enveloppa délicatement. Il faisait vraiment bon dans la cabane, surtout quand on se rendait compte de la différence de température avec l’extérieur. Simen ôta sa veste avant d’entendre Oskar aboyer comme un dératé. Il tourna le regard vers son chien avant de lui crier :

Oskar, par ici ! Du calme !

Et en entendant la grosse voix de son maitre, l’animal se calma tout de suite, venant se placer à ses pieds. Simen ôta ses gants et les déposa près de la cheminée avant de demander à Josefine :

J’ai du thé, des tisanes, du chocolat chaud et un peu de café. Ou alors de la soupe maison, qu’est-ce qui vous fait envie ?

Il n’avait pas l’air comme ça, mais en fait, Simen c’était un ours avec un cœur énorme.

 

Simen se montre attentionné, il fait en sorte que la jeune femme se sente bien chez lui, mais alors qu’il lui propose toute une liste de choses à boire ou à déguster au coin du feu, il se rend compte qu’il ne lui a même pas proposé d’entrer et de s’asseoir. Il n’a pas l’habitude d’accueillir des gens ici. D’ailleurs, les quelques rares personnes qui osent s’aventurer ici sont des amis proches ou sa sœur. Ils n’ont pas besoin de lui pour leur dire d’entrer et de s’installer.

Oh rentre et mets-toi à l’aise hein. Désolé, j’en oublie d’être poli.

Et en plus il venait de la tutoyer alors qu’ils se connaissaient à peine. Juste quelques réunions du groupe de parole, ils avaient discuté deux ou trois fois, mais au final ils n’étaient pas encore réellement amis et il se permettait de la tutoyer. Bon, Simen espéra qu’elle n’avait rien remarqué et il s’occupa de faire chauffer de l’eau. Il prendrait un thé lui aussi, ça lui ferait le plus grand bien après avoir été couper des buches dans le froid glacial de cette fin d’après-midi. Il lui répondit en revenant de la cuisine :

Et voilà, l’eau est mise à chauffer. Tu as une préférence pour le thé ? A la menthe ou plutôt fruité ?

Il n’avait pas une large gamme de choix, mais suffisamment pour que généralement, les gens trouvent leur bonheur chez lui. Alors que l’eau était en train de chauffer, elle l’interrogea au sujet des réunions. Il est vrai que ça faisait plusieurs fois qu’il loupait les séances, mais il fallait dire que reprendre son ancien poste de professeur le rendait particulièrement heureux, mais ça lui donnait aussi beaucoup plus de boulot que lorsqu’il se contentait d’assurer la sécurité du campus. Simen sourit légèrement. Il fit un bref signe dans sa direction en attendant d’aller chercher leurs deux tasses puis revint avec les deux mugs brûlants, remplis de thé.

En fait, j’ai repris mon ancien job. J’en avait vaguement parlé au groupe de soutien. Quand Darla est… morte, j’ai tout quitté pour prendre un job que je détestais. Et il y a quelques semaines, j’ai décidé de reprendre ma vie, en commençant par reprendre mon job de prof au lycée. Mais du coup, j’avoue que j’avais sous-estimé la charge de boulot.

Il était content d’avoir pu retrouver ce boulot qu’il aimait tant, le contact avec les élèves, les discussions passionnantes avec des étudiants. Et puis le contact humain lui avait manqué dans ses longues rondes en solitaire, sans jamais voir personne.
Lui le taciturne, voilà qu’il cherchait le contact. Il passa une main dans sa nuque avant de lui demander :

Et toi alors, tu vas un peu mieux ?

Ses mains entouraient sa tasse de thé, et alors qu’à son tour il se réchauffait auprès de la cheminée, Simen regarda autour de lui pour admirer la décoration. Il avait essayé d’en faire un endroit confortable, un endroit chaleureux dans lequel il se sentirait bien, mais c’était loin d’être le logement qu’il partageait avec Darla.

Ne t’en fais pas, j’ai trouvé ça drôle. Non en fait, j’ai emménagé ici après ce qu’il s’est passé, j’aurais pas pu rester dans la maison que je partageais avec elle. Alors petit à petit, j’essaie de rendre cet endroit… chaleureux.

Il éclata de rire quand il se rendit compte que la jeune femme rougissait un peu à cause de la vanne un peu mignonne qu’elle venait de lâcher sans le vouloir. Simen sourit puis reprit :

T’habites dans quel quartier toi ?

Il ne voulait pas donner l’impression de se montrer curieux, il espérait qu’elle ne le prendrait pas mal.

 

La réaction de Josefine ne le surprenait pas. Quand il disait à ses nouvelles rencontres qu’il était professeur, cela suscitait souvent beaucoup de surprise. Il fallait dire qu’il n’avait pas réellement le physique de l’emploi. Entre sa carrure plutôt grabataire qui faisait davantage penser à un bûcheron ou en tous cas, à quelqu’un qui travaillait dans un emploi plutôt solitaire, et son caractère bourru qui ne donnait pas envie de l’approcher, jamais on n’aurait pu penser qu’il travaillait avec des jeunes adolescents en soif de connaissance. Simen adorait cette partie de son travail pourtant, la connexion qu’il pouvait parfois ressentir avec ses étudiants, il trouvait ça passionnant d’échanger avec eux, même si certains se montraient réfractaires à la littérature. Mais il se débrouillait toujours pour la rendre passionnante, et souvent ça fonctionnait.

Je sais, on dirait pas comme ça. Je suis prof de littérature, et j’adore ce boulot. J’adore le contact avec les jeunes, je me sens plus à l’aise avec eux qu’avec des gens de mon âge à vrai dire.

C’est vrai que les jeunes se fichaient pas mal de ce qui pouvait se passer dans la vie de leur professeur, du moment qu’ils apprenaient des choses de manière ludique, le reste ne les intéressait pas réellement. Les parents, par contre, ne cessaient de venir le voir pour lui poser des questions, et souvent ces questions n’avaient aucun rapport avec son programme de littérature. Les réunions parents-professeurs avaient le don de le rendre particulièrement nerveux, mais heureusement elles n’avaient pas lieu si souvent que ça dans l’année. Il devait prendre son mal en patience et avancer dans l’année scolaire.
A son tour, il lui demanda comment elle allait, mais il comprit au ton de sa réponse que le temps ne faisait pas encore son œuvre sur elle. Elle confirma que les questions la gênaient encore, chose qu’il pouvait comprendre puisqu’il évitait ces fameuses questions comme la peste.

Ca fait combien de temps déjà ?

Il écoutait les témoignages de chacun avec beaucoup d’attention, mais il fallait bien reconnaitre qu’il n’était pas doué pour retenir depuis combien de temps chaque personne était en deuil. Il se souvenait de qui avait perdu un frère, une sœur, une épouse ou un parent, mais en ce qui concernait les durées, il n’avait pas la même mémoire.
Histoire de s’intéresser un peu à la vie de la jeune femme, Simen lui demanda où elle vivait, et apparemment elle vivait ici-même à Lade, dans un ancien atelier de peintre. Il trouvait ça plutôt atypique, même s’il comprenait parfaitement son besoin de changer d’air rapidement.

Ah oui je vois. Et ton studio de yoga se situe où ? Je ne savais même pas que tu étais professeur de yoga d’ailleurs. C’est impressionnant. Personnellement j’ai la souplesse d’un éléphant dans un magasin de porcelaine.

Il sourit à cette image, ne s’imaginant pas du tout faire du yoga. Pour lui et son imagination un peu machiste, c’était une activité principalement dirigée pour les femmes, et il ne voyait pas comment il pourrait pratiquer ce genre d’activité. Mais il ne se fermait pas à l’idée, jamais. Il surit en buvant une gorgée de son thé, qui coulait lentement dans sa gorge, le réchauffant de l’intérieur. La douceur de la chaleur de sa maison lui était bien agréable en ce moment. Lorsqu’il entendit Josefine lui dire qu’elle se sentait idiote d’avoir oublié ses vêtements contre le froid, il lui répondit d’une voix calme :

Je ne savais que tu étais polonaise. Tu es partie de là-bas pour quelle raison, si ce n’est pas indiscret ?

Il se sentait bien, à discuter de tout et de rien chez lui. Ca faisait longtemps qu’il n’avait plus fait la connaissance de nouvelles personnes.


 

La littérature, c’était sa passion de toujours. Petit, il piquait les livres dans la bibliothèque de sa mère et il allait se planquer dans sa cabane dans l’arbre du jardin. Il pouvait y rester pendant de longues heures, ce qui rendait souvent son père fou parce que pour lui, la lecture était une activité de fille, pas suffisamment virile pour son fils. Lui, il voulait en faire un mec, un vrai, un grand caïd qui aurait pu tenter une carrière militaire. Mais lui, la carrière de son père ne l’intéressait pas du tout. Il rêvait de devenir professeur, il voulait transmettre sa passion aux jeunes, il voulait leur faire comprendre que la littérature norvégienne était parfaite, pleine de passion, de personnages fascinants et de personnages excitants.
Josefine lui avoua qu’elle-même ne connaissait pas bien la littérature norvégienne, ce qui était plutôt logique si elle arrivait de Pologne comme elle venait de le lui révéler. Il se ferait un plaisir de lui faire découvrir les classiques de la littérature de son pays d’accueil. De ce côté-là, il se sentait parfaitement dans son élément.

Je sais pas si tu aimes lire mais si c’est le cas, je pourrais te prêter des classiques de la littérature norvégienne, histoire que tu découvres ça.

Il lui sourit, ne voulant pas du tout lui forcer la main si la lecture n’était pas une activité qu’elle appréciait particulièrement. Il pouvait le comprendre, tout le monde ne pouvait pas aimer avoir le nez plongé dans les bouquins. Quand elle lui demanda s’il était norvégien pure souche, Simen sourit et répondit :

Et oui, je n’ai jamais bougé de ce pays. J’aime beaucoup la vie ici, même si je ne serais pas contre un voyage ou l’autre un de ces jours.

Il aimait la Norvège mais il pensait de plus en plus à voyager, oh sans doute pas très loin, mais au moins aller découvrir la Suède ou la Finlande, des pays qui lui plaisaient beaucoup. Il sourit quand elle lui dit que pour elle, il était un homme sans âge. C’était flatteur, mais il sentait pourtant le poids de l’âge et de la perte de Darla s’abattre sur ses épaules.

J’ai quarante ans en fait, je vais avoir quarante-et-un ans dans quelques semaines. Je ne me sens pas vraiment vieux mais un peu plus depuis l’année dernière.

Simen avait pris un risque en demandant à la jeune femme depuis combien de temps elle vivait ce deuil, cette période qui semblait être tellement compliquée. Il la vivait lui aussi, même si depuis le temps, les choses s’étaient un peu apaisées dans son esprit. Bien sûr, Darla lui manquait toujours et il ne s’imaginait pas encore refaire sa vie avec une autre femme, mais il avançait, ou en tous cas il essayait, un pas après l’autre.

Pour moi ça fait un an et demi, et parfois j’ai encore l’impression qu’elle va franchir le pas de la porte. Mais c’est normal, le temps fait son œuvre. Il faut être patient.

Il avait parfois la sensation que Darla allait arriver, mais c’était un mirage de son esprit, un mirage qui peu à peu disparaissait. Quand Josefine lui parla du centre-ville et de son amour pour Lade, ainsi que de son métier de professeur de yoga, Simen avala une gorgée de son thé bien chaud tout en l’écoutant. Elle parlait avec passion, c’était plutôt fascinant de l’entendre parler.

Peut-être que je devrais m’y mettre… En tous cas je sais où te trouver si je décide que je veux essayer. Qui sait, ça me passera peut-être par la tête un jour ?

Il sourit en buvant une nouvelle gorgée de son thé. Il fallait bien reconnaitre que jamais il n’avait imaginé faire du yoga, il n’avait pas envie de ça. Ca lui paraissait trop féminin comme sport. Quand elle mentionna la Pologne, elle s’intéressa à cette partie de sa vie et il lui répondit :

Je comprends oui. Je n’ai jamais eu ce besoin mais je connais des personnes qui en ont eu besoin. Tu verras, la Norvège vaut la peine d’être découverte.

Il le croyait vraiment, son pays c’était son univers tout entier.