sanna & jorn

Le noir, l’obscurité… Pendant des années quand il était gamin, Jørn avait eu peur du noir, il avait peur de ne pas avoir le contrôle sur ce qu’il se passait autour de lui. Mais aujourd’hui, Jørn était un homme mature, il était grand, c’était un adulte, et pourtant, il gardait au fond de lui cette petite crainte. Chez lui, il dormait toujours avec le volet de sa chambre ouvert, juste pour apercevoir les lumières de la ville, les lumières de la nuit qui se reflétaient dans sa chambre. Il se sentait mieux comme ça. Pourquoi avait-il accepté ce blind-date ? Sans doute parce qu’il ne s’attendait pas à ce que les organisateurs prennent à la lettre l’expression « blind-date ».
Le pompier était arrivé de bonne heure au restaurant, dix minutes avant l’heure programmée. Il avait enfilé un costume, sans cravate, il détestait cette impression de se sentir oppressé, en particulier quand il allait rencontrer une parfaite inconnue. Il avait attendu quelques minutes dans le froid hivernal de Trondheim, observant les gens qui s’approchaient mais qui jamais ne s’arrêtaient devant le restaurant. Finalement, les doigts gelés, il se décida à entrer et annonça au placeur qu’il était là pour le blind-date. Tout de suite, on lui demanda de laisser son téléphone portable à l’entrée et Jørn s’en défit sans tracas. Il n’était pas très branché téléphone portable, il l’avait avec lui par nécessité plus que par plaisir. Il suivit le placeur dans une salle sur le côté de la salle principale du restaurant, et celui-ci lui demanda de mettre une main sur son épaule pour le suivre.

Jørn se dit que l’homme devait connaitre l’endroit par cœur. Les numéros de table étaient éclairés, ce qui devait l’aider à se déplacer entre les tables. Jørn s’approcha de la table six et le placeur s’arrêta là, en lui indiquant qu’il s’agissait de sa table et que la personne avec qui il devait manger n’était pas encore arrivée. Il espérait qu’elle ne lui ferait pas faux bond.

Merci beaucoup.

Poli, mais ne sachant pas trop dans quelle direction il devait regarder. Jørn attendit quelques minutes, qui dans le silence de cette pièce et le noir intense dans lequel il était plongé, lui sembla une éternité. Vivement que sa compagne d’un soir arrive.