girls wanna have fun - wanya

Le moins que l'on puisse dire, c'est que la vie n'a pas été tendre avec la gamine, et pourtant, malgré tout ça, elle a toujours eu tendance à voir le côté positif de tout. La jeune fille a tout ce dont elle pouvait rêver: elle est gérante de la boulangerie familiale, elle aime ce qu'elle fait au quotidien, même si l'ombre au tableau, c'est la maladie de sa maman. Mais elle doit rester optimiste, parce qu'elle n'a que vingt-quatre ans et qu'elle a la vie devant elle.

1 Wanya, elle est belle comme un soleil, petite fille tendre et aréable, le sourire aux lèvres, constamment, comme si rien de grave ne pouvait lui arriver, comme si elle avait la vie devant elle, qu'elle pouvait devenir ce qu'elle voulait. Et c'était le cas, ou en tous cas c'était ce que ses parents avaient voulu pour elle. Ses parents, ils l'avaient tant désirée, ils l'aimaient tellement, mais peut-être pas assez pour que ça consolide un mariage déjà tellement fragile.

2 Elle a trois ans Wanya, et elle ne se rappelle pas des larmes dans les yeux de maman quand papa a fait ses valises et qu'il a quitté la maison, elle ne se rappelle pas non plus des cris, des supplications, elle ne se souvient pas combien sa maman avait souffert de ce départ, combien elle avait hurlé quand elle avait appris, seulement un an plus tard, que son papa se remariait déjà. Wanya elle ne se souvenait pas de tout ça, tout ce dont elle se rappelait c'était des longues soirées sous la couette avec maman, à regarder la neige tomber en savourant ses délicieuses pâtisseries maison. Maman, elle était propriétaire d'une boulangerie-pâtisserie, le genre d'endroit où les gens venaient se réconforter après une longue journée de travail. Et Wanya elle aimait ça, l'odeur du bon pain tout droit sorti du four.

3 Six ans, elle a six ans quand maman se rend compte qu'elle n'est pas dans son état normal. Elle était tout le temps fatiguée Wanya. Elle qui avait pour habitude de courir dans tous les sens, de gambader, de jouer, de se pendre aux branches des arbres, là elle avait à peine la force de sortir de son lit, elle ne mangeait plus rien, même la bonne odeur du pain de maman ne lui donnait plus envie. Et puis il y avait eu la fièvre, la transpiration, l'essoufflement, et elle perdait du poids la gamine, déjà qu'elle ne pesait pas bien lourd. Maman s'était inquiétée, elle était allée chez le médecin, et c'est là que la sentence était tombée. Leucémie, il est beau ce mot, mais il fait peur en même temps. Elle se rendait pas compte Wanya, mais les larmes de maman étaient revenues, et cette fois, papa aussi était revenu.

4 D'abord des heures, puis des jours, puis des semaines passées sur un petit lit d'hôpital, à pas toujours comprendre ce qu'il se passait pour elle. Pourquoi tout le monde avait l'air aussi triste? Pourquoi maman ne passait plus son temps à la boulangerie? Pourquoi papa, sa nouvelle femme et son gros ventre venaient la voir tous les jours? Pourquoi maman elle avait les traits tirés et le visage triste? Papy et mamy, ils étaient souvent là aussi, ils se relayaient avec maman et papa pour être toujours avec elle. Il y avait ce clown qui venait la faire sourire, et cette gentille dame de l'âge de mamy qui venait lui lire de belles histoires le soir, pour s'endormir. Mais Wanya elle avait envie de grimper aux arbres, elle avait envie de s'amuser avec ses copines de l'école. Elle ne comprenait pas pourquoi la leucémie s'était installée dans son corps.

5 De longues années d'allers et retours à l'hôpital, la gamine ne cessait d'y retourner encore et encore. Il avait fallu trois ans pour qu'elle retrouve une vie plus ou moins normale. Elle allait à l'école, comme tous les enfants de son âge, et Wanya était un véritable bonheur à avoir en classe. Malgré la douleur, la souffrance, malgré les passages trop fréquents à la clinique, elle était heureuse de pouvoir aller à l'école, elle était ravie de voir ses camarades de classe, sa maitresse. Wanya, elle avait toujours un large sourire sur les lèvres, des vêtements colorés. A dix ans, les médecins annoncent qu'elle est rétablie, mais attention, la maladie n'est jamais si loin que ça.

6 L'adolescence, une période bénie. Wanya en a enfin fini avec ses visites fréquentes à l'hôpital. Elle doit évidemment continuer à s'y rendre, histoire de surveiller que tout aille bien, mais elle se sent plus en forme que jamais. La jeune fille connait les premiers émois de toutes les jeunes filles de son âge, le premier amoureux, le premier baiser, la première fois. Elle n'est pas en retard sur ses copines de classe, mais elle se rend vite compte que l'école ne l'intéresse pas, les cours théoriques l'ennuient, et elle finit par demander à sa maman pour suivre une formation en boulangerie. Si sa mère est hésitante au début, elle parvient finalement à accepter la volonté de sa fille. Pendant ce temps, son père s'est bâti une jolie famille puisqu'elle a maintenant deux demi-soeurs et un demi-frère, mais elle ne les voit que lorsque c'est nécessaire, pour Noël et l'anniversaire de son père.

7 Dix-huit ans, premier véritable amour, une histoire qui durera deux ans et qui finira dans les cris et les larmes. Ugo est un garçon adorable, tout le monde l'apprécie dans la formation boulangerie, le genre de garçon hyper sociable, comme Wanya, mais pas très sérieux dans ses ambitions. Et c'est sans doute ça qui aura raison de leur relation. Après cette histoire, Wanya se promet que jamais plus elle ne se lancera dans une histoire d'amour, pas tant qu'elle ne sera pas propriétaire de sa propre boulangerie et qu'elle aura le temps pour ces idioties.

8 Et en plus, la vie va mettre une nouvelle embûche sur le chemin de la jeune fille de vingt-et-un ans à cette époque. Sa maman commence à montrer des signes étranges. D'abord un oublie de numéro de téléphone, rien de bien grave, puis un oubli du prénom d'une habituée à la boulangerie. Des petites choses qui s'accumulent et qui commencent à inquiéter la jeune fille. Elle supplie sa maman d'aller consulter, mais quand elle finit par le faire, des mois plus tard, la situation a empiré. L'avis des médecins est impitoyable: Alzheimer précoce, un cas rarissime mais qui peut arriver. Wanya se rend compte que sa maman, à l'âge de cinquante ans à peine, oubliera bientôt jusqu'au prénom ou au visage de sa propre fille.  

9 Cela fait aujourd'hui deux ans et demi que la maman de Wanya est malade. La maladie évolue lentement mais elle ne se sent plus capable de gérer la boulangerie, elle oublie le nom de ses pâtisseries, le prénom de ses clients, Elle oublie tout et ne le supporte plus, alors, quand Wanya a obtenu sa spécialisation en pâtisserie en juin dernier, sa maman a décidé de lui laisser les rennes de la boulangerie familiale. La jeune fille est devenue la gérante de cette boutique qu'elle connait par coeur, dans laquelle elle traine depuis qu'elle est enfant. Wanya l'a aménagée pour en faire sa boutique, elle crée de nouvelles choses et parvient petit à petit à se faire une nouvelle clientèle.  

10 Son père essaie de reprendre contact avec elle, mais Wanya n'a pas assez de temps dans sa vie pour gérer sa relation avec lui pour le moment. Elle s'occupe de la boulangerie, qu'elle gère de main de maitre, mais aussi de sa maman qui perd de plus en plus le contrôle de sa vie, et récemment, une de ses demi-soeurs a essayé de la contacter, alors qu'elles ne se voient habituellement qu'une fois par an. Wanya est une jeune femme pétillante, malgré tous les petits obstacles sur son chemin, elle voit la vie du bon côté, essaie d'avoir constamment le sourire et pour ses clients, Wanya est un petit rayon de soleil.

11 Wanya n'est pas seulement une amoureuse du bon pain, c'est aussi une amoureuse des animaux et de la nature. Elle a parfois hésité avec le métier de vétérinaire, mais rien ne lui convenait mieux que sa petite boutique. Une fois sortie de sa boulangerie, ou lors de son jour de congé, elle prend sa voiture et fonce en-dehors de la ville pour découvrir son pays, faire un pique-nique au milieu des champs, dévaler des pistes de ski. Elle aime être dehors, elle aime le contact avec la nature, les éléments, que ça soit l'eau, le vent ou la terre, Wanya, c'est une fille nature.