Ouvre, put*in! [Aaron]

Ouvre, put*in!

- Ouvre, put*in! Fais pas le con, il fait froid!

Je tambourine, avec mes dernières forces contre la porte en bois. Je ne serais pas autant bourré, je me serais aperçu que cette maison, ce n'était ni la mienne, ni celle de quelqu'un que je connais. Mais je suis trop défoncé pour faire la différence. Je finis à genoux, puis sur le derrière et mon dos se bloque contre les planches de bois de la porte. Je ferme les yeux espérant que la douleur partirait bientôt.

* * *

Comment j'en suis arrivé là? C'est pas bien compliqué, il y a 4 ou 5 heures, alors qu'il y avait encore un peu de soleil, j'arpentais les rues de Trondheim, comme à mon habitude, cherchant la merde, cherchant un c*n sur qui foutre une raclée, un de ceux qui s'en prenne aux plus faibles, un de ceux qui ne devrait pas vivre sur cette Terre. Quand j'arrive à en trouver un, je lui défonce la tête, même s'il fait la taille d'une armoire normande, même s'il est en chêne massif, j'essaie de le castagner grave. Sauf que la majorité du temps... non, peut-être pas... disons une fois sur 3, c'est moi qui dérouille sévère. Et là, ça ne manque pas. Mais, je n'ai pas tout perdu, car si il m'a bien ratatiné, dans la bagarre, je lui ai tiré son porte-feuilles. Il me laisse en sang par terre derrière une poubelle et dès que je ne le vois plus, je me redresse pour vérifier combien il a de flouze. Quelques billets, c'est parfait pour aller prendre une cuite dans le premier boui-boui du coin.

Et donc, j'ai pas dû choisir le meilleur bar, car j'ai fini une fois de plus tabassé et fourré dans un coffre de voiture. Sonné, j'ai aucune idée de l'endroit où ils m'emmènent, les 4, là, à qui j'ai pas voulu payer un coup. Voilà un coup de frein, des portes qui claquent et le coffre qui s'ouvre. J'ai du mal à ouvrir les paupières et je sens juste qu'on me soulève et qu'on m'envoie en vol plané dans un tas de neige glacée. Au moins, ce qu'il y a de bien avec la neige, c'est que ça vous réveillerait un mort. Je me redresse donc, reniflant. J'ai une main en sang, pourtant, j'ai pas mal, mes articulations fonctionnent, et je ne vois pas de coupure... Je porte la main à mon crane et ça piiiiiique! Je regarde une fois de plus ma main, il y a encore plus de sang. Argh... Je soupire, tentant de rester alerte et surtout conscient. Bon, faut que je rentre, parce que visiblement, je ne suis plus en ville et qu'il fait un vent à décorner tous les cocus... Je tremble et tente de trouver le chemin le plus rapide pour la ville.

Sauf qu'on m'a bazardé en forêt. J'ai buté sur un caillou et j'ai dégringolé une pente, visiblement la neige a réussi à amortir ma chute, mais j'ai encore plus froid et je claque des dents. Ah, là, une lumière! Je marche comme je peux jusqu'à la... cabane? J'en sais rien, je ne fais pas trop attention, de toutes manières, à cet instant, je crois que c'est encore la chaleur de l'alcool qui me fait bouger, j'ai perdu toute notion de lucidité depuis un bout de temps...

* * *

C'est comme ça que je m'écroule devant la porte, à tapoter le bois en espérant que quelqu'un m'entende, sinon, vu le froid qu'il fait, j'ai beau avoir l'habitude de dormir dehors, je ne suis pas superman, c'est clair que j'y passerais... Peut-être que... Peut-être que je retrouverais ma petite soeur, qui sait...

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» Aaron Jørgensen
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