Et si le destin s'en mêlait ? Simen et Alva

Et si le destin s'en mêlait ?

Les périodes de fêtes de fin d'années étaient ce que préférait Alva. CHaque année, elle attendait cette période avec impatience. Elle était peut-être même pire qu'un enfant qui attendait ses cadeaux au pied du sapin. Pour elle, Noël rimait avec famille. Et sa famille est ce qu'elle a de plus précieux au monde. Cette année sera différente. Elle était seule cette fois. Elle ne voulait pas faire la route pour Oslo sachant qu'elle ne resterait pas longtemps. Elle ne pouvait pas se permettre de partir en vacances chez sa mère alors qu'elle devait bosser pour la rentrée. Et sa mère n'avait pas non plus l'air décidée de faire la route. Elle avait sorti une excuse digne d'un roman policier. La blague. Évidemment, Alva n'était pas dupe et savait pertinemment pourquoi sa mère ne venait pas ici. C'était bien trop risqué de venir s'afficher ici. Mais peu importe. Alva comptait bien profiter de cette période, seule ou accompagné, ce n'était pas important. Ce matin, elle s'était levée assez tôt pour profiter du calme dans les magasins. Sans son café du matin, Alva n'était pas vraiment Alva. Elle avait besoin de sa drogue. Elle avait conscience qu'elle devait limiter un peu sa consommation, mais c'était bien trop important pour elle. Elle devait avoir sa dose de caféine dans le sang pour rester éveiller. Et puis ce n'était que du café après tout. Elle ne fumait pas et ne buvait qu'en soirée. Sa santé était largement préservée. Avant de se poser dans son café, Alva était passée à la librairie. Elle aimait cet endroit et y passerait sa journée si elle le pouvait. Elle acheta deux trois livres pour ses cours. La jeune femme ne prenait jamais de pose avec ses cours, s'était bien trop important pour elle.

Quelques minutes, plus tard, elle s'était installée dans le café, son nouveau livre à la main. Attendant sa commande, elle se plongea dans son livre. Et c'est à cet instant qu'elle se demanda si son père biologique était pareil qu'elle. Lui aussi aimait-il se poser dans un café, livre à la main, café dans l'autre main ? Était-il totalement différent d'elle ? Comment pouvait-elle le savoir. Elle n'avait pas encore trouvé une façon de l'approcher. Elle ignorait même à quoi il ressemblait. Et jusqu'à maintenant, les personnes qui avaient croisé son chemin n'avait pas l'air de le connaître. Selon elle, c'était au tour du destin. Elle avait fait le chemin jusqu'ici, c'était maintenant à lui de jouer. " SIMEN " la voix de la vendeuse raisonner dans la tête de la jeune étudiante. Brusquement, elle leva la tête. Non. La ville était bien trop grande et Simen était un prénom commun. Quoique. Et si finalement le destin se jouait maintenant. C'était à elle de vérifier ça. Elle était plus que déterminée. Discrètement, elle tourna légèrement la tête afin d'observer le fameux Simen. Homme d'une quarantaine d'années, l'âge était plutôt bon. En le voyant se lever pour aller chercher son café, elle se dépêcha de récupérer ses affaires et d'un pas décidé, tête en l'air, elle se précipita vers lui, manquant de glisser sur une flaque imaginaire se rattrapa à Simen. Mais maladroite comme elle est, elle n'avait pas prévu de lui renverser son café sur lui. Manquant de s'étouffer, elle ouvra la bouche sans rien dire, avant de se rendre compte de ce qu'elle venait de faire. Alva 0, destin 20. " Et merde. Je suis désolée, vraiment. " Elle posa rapidement ses sacs par terre, attrapa une serviette et tenta de nettoyer ce qu'elle venait de faire.

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Depuis un an, on ne pouvait pas dire que Simen était quelqu’un de chanceux, mais avec l’année nouvelle, il se disait que c’était peut-être le moment de provoquer un peu sa chance. Il avait envie de se dire que la vie continuait, et que même si ça lui faisait un mal de chien, il allait devoir s’habituer à vivre seul, à ne plus être que Simen le pauvre prof de littérature qui vit dans une cabane à l’orée des bois.
Il voulait essayer de devenir plus que ça, mais ça semblait tout de même vachement compliqué. Il voulait attirer la chance à lui, il voulait devenir quelqu’un de différent, et donc, c’est avec un manque d’habitude évident qu’il avait décidé de se rendre au café. Il ne fréquentait plus beaucoup d’endroits publics depuis le suicide de Darla, à part éventuellement un restaurant ou l’autre avec sa sœur quand elle l’y trainait de force, ou encore un café quand ses collègues voulaient faire des sessions de travail en-dehors du lycée.

Aujourd’hui, Simen sortait davantage, il s’était habitué aux quelques regards que l’on posait encore sur lui, des regards tristes la plupart du temps, mais il y avait beaucoup de touristes à cette période de l’année, alors il se contentait d’oublier les gens qui le connaissaient un peu trop bien et il essayait de penser à autre chose. Et il se rendait compte que ça marchait plutôt bien, qu’il parvenait à faire abstraction des gens, de leurs regards, des murmures qu’il pouvait encore surprendre sur son passage. Les gens avaient oublié la tragédie dont il avait été la victime malheureuse, la victime inattendue. Sa fiancée s’était suicidée, lui aussi avait terriblement souffert dans cette histoire, même s’il n’était pas la première victime.
Simen avait repris ses habitudes dans un café pas bien loin du lycée. Il en profitait pour boire une boisson chaude tout en corrigeant quelques copies. Il avait sa table habituelle, un endroit un peu à l’écart qui lui permettait d’observer les gens, de s’imprégner de l’ambiance de la journée, pas loin de la fenêtre pour voir la neige tomber, ce qui arrivait souvent à cette période de l’année. Et puis il y avait la gentille serveuse, fraichement arrivée en ville, qui ne le connaissait pas et donc ne lui envoyait jamais ce regard plein de pitié qu’il détestait tellement. Alors qu’il était perdu dans ses pensées, il entendit son nom crié par la serveuse. Il déposa son stylo sur la table et se leva pour venir chercher sa boisson. Distrait, il ne faisait attention à rien et se contenta de remercier la serveuse.

Merci Sylvia.

Alors qu’il se retournait, il sentit un liquide chaud s’épancher sur ses vêtements. Non, pas ça. Et ça commençait vraiment à brûler en plus. Il baissa les yeux et découvrit un visage qu’il ne connaissait pas du tout, et qui semblait réellement désolé de ce qu’il venait de se passer. Simen attrapa lui aussi des serviettes en papier pour éponger le café qui lui brûlait à présent légèrement la peau au travers de ses vêtements. Il répondit tout de même à la jeune femme :

Ne vous en faites pas, je m’en occupe. Ca peut arriver.

Il ne connaissait pas la gamine, elle avait l’air bien jeune, la petite vingtaine. Il fallait qu’il essuie tout ça, ou qu’il rentre se changer avant d’aller au boulot.

Et si le destin s'en mêlait ?

@Simen Hjemdal & Alva

Si Alva rêvait d’une chose, c’était bel et bien de connaître son père biologique. Jusqu’à aujourd’hui, elle ignorait même pourquoi sa mère n’en a jamais parlé. Elle s’était juste contentée d’un simple « nous avons besoin de personnes mon cœur, c’est juste toi et moi ». À force, Alva a essayé de faire comme si sa mère avait e de bison, mais la jeune fille ressentait toujours un manque. Il lui manquait cette présence masculine, son paternel. Quand elle avait appris la vérité, c’était totalement inespéré pour elle, si bien qu'elle avait décidé de tout quitter pour venir dans cette nouvelle ville, dans l'espoir de connaître son père. Voudra t-il d'elle ? Elle n'en savait rien. Mais elle n'avait rien à perdre.

Depuis son arrivée, elle ne cherchait pas spécialement à le rencontrer. Peut-être voulait-elle que ce soit au destin de jouer un rôle. Et puis, il faut dire qu'elle appréhendait aussi énormément cette rencontre. Il avait sa vie lui. Il avait probablement une femme et des enfants. Alors, que pourrait-il bien vouloir à faire avec Alva ? Elle n'était que l'enfant d'un amour passé. Et encore. Était-ce vraiment un amour ? Alva ignorait tout. Sa grand-mère ne lui avait raconté que les grandes lignes. Maintenant, c'était à Alva de découvrir d'où elle venait. Quelques mois après son arrivée, elle avait peut-être la chance de provoquer le destin. Un simple nom, Simen, ça ne voulait rien dire, ou peut-être tout justement. À elle de faire quelque chose avec ça. Et c'est ce qu'elle fit en lui renversant son gobelet sur lui. Rapidement, elle se saisit de serviette afin d'essuyer Simen. Un sentiment de culpabilité monta en elle. Elle aurait pu trouver une autre façon pour l'aborder. L'homme n'était pas en colère, c'était une chance. Parce que vue sa carrure, Alva n'avait aucune envie de le voir en colère. Et maintenant, elle avait l'air un peu bête, elle ne savait pas quoi faire, ni quoi dire. Mais quand il posa son regard sur elle, c'est là qu'elle eue une révélation. C'était lui. C'était dans le regard. C'était peut-être fou, mais Alva, elle est un peu folle sur les bords et elle s'est toujours fait pleins d'histoires dans sa tête. Mais là, il y avait ce truc. " J'me sens tellement idiote. En plus, ce n'est pas comme si vous étiez invisible, j'veux dire, on vous voit. J'dis pas que vous êtes gros, hein. Loin de là. Bref. " Alva, elle parle toujours beaucoup surtout quand elle ne se sent pas trop à l'aise. " J'peux vous offrir quelque chose pour me faire pardonner ? Un cookie ? " La jeune femme était friande des gâteaux, peut-être était-il comme elle.

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Personne n’était responsable, les accidents arrivaient, en particulier dans les cafés. Combien de fois n’avait-il pas fait tomber quelque chose sur le sol de ce café, combien de fois n’avait-il pas rencontré de personnes qui se retournaient un peu trop brusquement avec leur tasse fumante dans la main. Parfois, l’accident pouvait être évité de justesse et parfois, il n’y avait pas moyen d’éviter la catastrophe. Pour le café renversé par terre, Sylvia était déjà là avec une serpillère pour nettoyer ce qui pouvait provoquer davantage d’accidents. Simen, quant à lui, se débrouillait pour éponger au maximum le café. Non seulement il détestait cette boisson, mais en plus il avait du mal à en supporter l’odeur. En particulier lorsque celle-ci se trouvait sur ses vêtements. Vêtements dont il allait devoir changer avant de se rendre au lycée, ce qui voulait dire qu’il serait sûrement en retard. Tant pis, on ferait sans lui ce matin.

La jeune femme semblait vraiment désolée, elle lui donnait un coup de main pour essayer d’éponger le café, il la remercia d’ailleurs mais il préférait se débrouiller toute seule. Elle se fendait en excuses de toutes parts, ou pouvait-on vraiment dire qu’il s’agissait d’excuses ? Elle cherchait ses mots, semblait maladroite, mais il avait tendance à trouver ça mignon. Après tout, c’était une gamine qui devait à peine avoir la vingtaine.

J’avais compris, vous en faites pas pour ça.

Elle était mignonne la gamine, à essayer de se justifier comme elle pouvait. Mais la vérité, c’était qu’effectivement, Simen on ne pouvait pas le louper, c’était une certitude. Malgré tout, elle restait près de lui, et elle lui proposait maintenant de se racheter en lui achetant un cookie. Bon, elle semblait plutôt gentille, elle voulait faire amende honorable, et il n’avait pas envie qu’elle croie qu’il lui en voulait, parce que ce n’était pas le cas.
Alors finalement, après avoir jeté les serviettes dont il s’était servi pour éponger le café sur ses vêtements, qui étaient de toute façon bons à changer, il lui répondit :

D’accord, va pour un cookie.

Sa tasse de chocolat chaud avait aussi souffert dans la collision, alors il fit signe à Sylvia de lui en préparer un nouveau, et de mettre ça sur sa note. Il se tourna ensuite vers la jeune femme un peu maladroite et lui demanda :

Vous voulez vous asseoir ?

Il n’avait pas énormément de temps à perdre, mais il savait qu’il lui restait deux bonnes heures avant son premier cours, donc il n’avait pas de soucis à se faire au niveau du temps.

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Et si le destin s'en mêlait ?

@Simen Hjemdal & Alva

Alva était bien trop souvent sûre d'elle. Elle savait ce qu'elle voulait, ce qu'elle faisait et pourquoi elle le faisait. À cet instant précis, elle savait très bien ce qu'elle voulait. Elle savait que son père était quelque part en ville et bien qu'elle avait pris son temps depuis son arrivé, elle sentait que c'était le moment de bouger. Coïncidence ou non, un Simen était dans les environs. Et pour Alva, c'était bien plus qu'un signe. Elle savait que son père était quelque part en ville et bien qu'elle avait pris son temps depuis son arrivé, elle sentait que c'était le moment de bouger. Il s'agissait peut-être de son père, alors forcément, c'est une situation qu'elle ne gérait pas du tout. Renversant d'une part son café sur lui, elle se sentait idiote. Elle s'excusa des centaines de fois avant de lui proposer un cookie pour se faire pardonner. Ce à quoi il répondit favorablement. C'est alors qu'il lui proposa de s'asseoir. Et comme si on venait de lui offrir tout l'or du monde, elle offrait un large sourire à Simen. Elle demanda à la serveuse de lui apporter un cookie et s'installa en face de Simen. Aussi impressionnant était-il, elle avait du mal à le voir avec sa mère, s'il s'agissait vraiment de lui. Elle ne connaissait pas vraiment le style de sa mère puisque celle-ci ne s'était jamais remise avec quelqu'un.

" Je suis Alva. " dit-elle fièrement, comme si ça allait évoquer quelque chose chez lui. Mais elle savait bien non. Il ignorait son existence même, alors pourquoi ce nom lui évoquerait un simple souvenir ? " Vous êtes profs de littérature au lycée ? " demanda t-elle, connaissant très bien la réponse. C'était une petite ville et ici, tout le monde connaissait tout le monde. Même si elle, elle avait fait ses recherches bien avant d'arriver ici. Mais ça, elle se contenterait de le garder pour elle. " J'étudie les lettres à la fac. " . Il devait la prendre pour une folle qui ne pouvait plus s'arrêter de parler. Mais elle était tellement excité par le fait de pouvoir parler à son père qu'elle ne pouvait plus s'arrêter de parler.

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Simen ne s’était pas attendu à ce que sa matinée soit bousculée de la sorte, mais comme il essayait de se montrer un peu plus sociable ces temps-ci, il s’était dit que la gamine n’avait pas fait exprès de lui renverser son café dessus, alors il fallait qu’il fasse un effort et accepte son invitation à lui acheter un cookie. La jeune femme commanda un cookie, peut-être autre chose en plus, puis elle le rejoignit à la table qu’il avait choisie.
Il ne fallut pas longtemps avant que la jolie brune ne revienne vers lui, s’installe et lui annonce d’un air un peu trop enthousiaste qu’elle s’appelait Alva. C’était un joli prénom, le genre de prénom plutôt commun en Norvège, un prénom assez court, sympa et mignon, comme beaucoup de prénoms qu’il connaissait. Il avait déjà eu des étudiantes qui portaient ce prénom, des jeunes filles souvent assez sages mais il restait persuadé qu’un prénom ne voulait rien dire, et qu’il y avait sans doute des Alva pas sages du tout. Cette idée le fit sourire et il répondit à son intervention en disant :

Et moi c’est Simen, mais j’imagine que vous l’avez compris au comptoir tout à l’heure.

La serveuse avait crié son prénom, et il était aussi noté sur le gobelet qui s’était renversé lorsqu’elle l’avait cogné plus tôt. Il sourit légèrement avant de regarder autour de lui, se demandant bien ce qu’il allait pouvoir faire avec cette jeune femme. Il n’avait sans doute pas grand-chose à lui dire mais bon, il allait essayer de faire un petit effort pendant encore quelques instants, puis il prétexterait de devoir partir et se rendre sur son lieu de travail.
Alors qu’il était perdu dans ses pensées, la question d’Alva le surprit. Comment pouvait-elle savoir qu’il était prof de littérature au lycée, puisqu’il ne l’avait même pas mentionné. Curieux, il plissa les yeux et lui demanda :

Oui, mais comment le savez-vous ? Il ne me semble pas en avoir parlé plus tôt ?

Surpris, mais il en avait peut-être parlé sans même s’en rendre compte, ou elle en avait entendu parler en ville mais Simen ne se rappelait pas d’avoir déjà vu le visage de cette jeune femme à Trondheim, et pourtant il connaissait pas mal de monde.
Lorsqu’Alva lui précisa qu’elle était étudiante en lettres, sa curiosité pointa à nouveau le bout de son nez et il lui demanda :

Vous êtes à Trondheim depuis longtemps ? Ce sont de belles études que vous faites, j’ai adoré la période de mes études.

Il se sentait mal à l’aise, il n’avait pas pour habitude de parler avec des gens qu’il ne connaissait pas, surtout des jeunes gens.

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