Compétition de saut à ski

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Il agissait comme un robot. Le ski, Jorn connaissait bien ça, il pratiquait ce sport depuis toujours. En quittant la chaleur de son oreiller ce matin, la douceur de sa couette, il ne s’était pas attendu à ce qui se présentait devant lui en cet instant. Avant d’arriver en haut de ce tremplin, il avait attrapé une tenue chaude dans un tiroir de sa commode, il s’était rendu à la salle de bain, avait pris une douche et s’était rasé au-dessus du lavabo, puis il s’était rapidement brossé les dents. Il avait une haleine de chacal ce matin, c’était insupportable.
Une fois prêt, il avait apposé sa signature sur un document que la caserne lui avait demandé de remplir, et le voilà fin prêt pour rejoindre les pistes de ski. Phares allumés, il avait roulé lentement le long de l’avenue, pour éviter de déraper sur une plaque de verglas. Il ne voulait prendre aucun risque. Le vent soufflait à rafales, une véritable tempête qui pouvait provoquer la chute des branches d’arbres, et Dieu sait ce qui pouvait arriver.

Jorn était arrivé de bonne heure, et alors qu’il se préparait, un homme le poussa déjà au sommet du tremplin. Du saut à ski ? Mais il n’était pas sûr d’avoir signé pour ça. Il aurait mieux fait de rester chez lui à balayer, attraper un livre dans sa bibliothèque et se relaxer en dégommant quelques zombies avec sa manette de console. Il préférerait sans doute avoir de l’herpès ou s’enfoncer un suppositoire bien profondément que d’avoir à sauter. Il avait une envie de meurtre particulièrement virulente. Mais une petite poussée, et le voilà dans les airs, il se voyait déjà réduit à un tas de poussières sur le sol. Et puis il atterrit, avec plus ou moins d’équilibre, n’ayant rien compris à ce qui se passait.

Marte, elle avait balayé d’un revers de la main le snowboard, sa carrière réduite en poussière depuis un an, perdue dans la tempête qu'était devenue sa vie depuis que la montagne était à l'origine du meurtre de son frère. Désormais, la routine était au menu de son quotidien : enfoncer sa tête dans l'oreiller avant d'éteindre son réveil, sortir de la couette, avaler son jus de framboise, attraper la télécommande dans le tiroir pour mettre à l’antenne un programme qu’elle ne regardait même pas, atteindre le lavabo, se brosser les dents et combattre les carries ainsi que son haleine de cochon matinal, s’habiller et enfiler le médaillon qu’elle ne quittait jamais, comme un robot. Toutefois, ce jour-là était comme un extra-terrestre, avec aux manettes la ville qui l’avait désignée comme concurrente de saut à skis. On la voyait déjà comme une favorite, les sports de neige, c’était sa branche, elle saurait mener sa barque et mener le rythme du concours à la baguette selon les pronostiqueurs. Pourtant, elle était tétanisée Marte, et à cet instant précis, elle aurait préféré avaler de la javel, se rouler dans les orties, ou attraper de l’herpès à vie que d’apposer sa signature au stylo pour cet évènement. Pourtant, elle n’avait plus le choix, alors du haut du tremplin, elle scruta la piste. Tout semblait énorme, on aurait dit l’avenue principale de Trondheim, large, bien trop longue... La brune emplit ses narines d’air frais, puis s’élança. Elle prit de la vitesse, puis ses semelles s’élevèrent dans les airs, en même temps que ses skis. Elle avait appris, à la bibliothèque, dans des livres à bien pencher son corps vers l’avant pour pénétrer l’air. De là-haut, le paysage ressemblait à une peinture, elle aperçut même le phare sur la côte. Puis ses skis touchèrent le sol.. Elle l’avait fait !  

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