I want to break free.♘ Ruth

1 Lorsqu’elle a poussé son premier cri, elle fut une déception pour son père. Homme patriarcale, un poil misogyne et conservateur. Pourtant, il avait épousé Ashley, une femme au caractère assumé et qui ne se laisse pas faire. Son prénom, Ruth est un prénom à la fois dur et doux en bouche.

2 Malgré son côté vieux jeux, son père ne voyait pas de mal à ce que sa fille joue aux indiens et aux cow-boys avec les autres enfants du voisinage. Il préférait la voir jouer dehors, revenir égratigner et les cheveux décoiffés plutôt qu’engoncer dans des robes choisies par sa femme. C’est à force de jouer dehors qu’elle a rencontré Simen. Malgré le caractère discret du petit garçon : ils ont trouvé un terrain d’entente et sont rapidement devenus amis.

3 Sa grand-mère paternelle pousse sa seule et unique petite-fille à ne pas se laisser marcher sur les pieds, à croquer la vie à pleine dent, mais surtout, ne jamais laisser quelqu’un dire qu’à cause de son statut de femme : elle n’était pas capable. Un adage qui a marqué la jeune fille qui suit encore cet enseignement à la lettre. Un concept qu’elle espère inculpé à sa petite sœur aujourd’hui.

4 Il aura fallu 12 ans pour qu’une autre petite fille naisse, un véritable bonheur pour Ruth qui n’arrêtait pas de poser des questions durant toute la grossesse de sa maman. A l’école, la petite fille à des résultats mitigés. Brillante dans les sujets qu’elle aime, jouant à l’idiote pour les matières qu’elle n’aime pas : elle faisait partie des enfants dans la moyenne.

5 C’est après avoir regardé un documentaire avec son père sur l’armée que la vocation de Ruth devient une évidence. Quel meilleur moyen de prouver qu’une femme est toute aussi capable d’un homme qu'en devenant un soldat ? Malheureusement, le lycée militaire ayant fermé ses portes en 1940, elle doit attendre ses 18 ans avant de pouvoir rentrer à l’Académie militaire à Oslo. C’est durant ses études à Krigsskolen qu’elle trouve un véritable sens à sa vie. Trois ans à s’entraîner, à se surpasser, à être la meilleure ont payé. Elle est sortie dans les premières de sa promotion et à pus fièrement défilé le 16 décembre 2002.

6 Début de l’année 2003, elle reçoit son affectation dans une unité. Elle a alors le rang de Fenrik et possède une unité sous son commandement. Ruth ne s’est probablement pas rendu compte avant de prendre son poste qu’il lui restait encore tout à faire car maintenant elle devait prouver à des soldats parfois plus âgés qu’elle que malgré son jeune âge elle est capable de diriger. Il lui faudra du temps, mais au fil des mois puis des années : ils ont trouvé une balance.

7 Juin 2014, le gouvernement norvégien se montre à nouveau en avance sur les autres pays en créant une élite de soldat exclusivement féminine appelé la Jegertroppen. Elle fait partie de cette poignée de femmes qui commencent le cursus de formation sur 10 mois après avoir survécu à la “semaine de l’enfer” où les conditions de vie sont extrêmes. Ruth exulte, s’enivre de ces instants où elle peut à nouveau repousser ses limites au sein d’une compagnie exclusivement féminine. La formation passée, elle est promue Major et commence un nouveau chapitre de sa vie.

8 Son unité à été affectée en Afghanistan. Une des raisons de la création de la Jegertroppen est d’être en mesure de pouvoir communiquer avec les femmes dans certaines zones isolées en proie à un radicalisme religieux. De plus, en cas d’évacuations : il a été prouvé que les femmes et enfants sont bien plus à même de suivre des soldats féminins que masculins. La première mission est un succès et après un an de mission : elles retournèrent toutes saines et sauves sur le sol norvégien.

9 Durant sa permission, elle renoue avec sa famille ; passe le plus de temps possible avec sa sœur et ses quelques amis de longues dates. Elle tatoue également dans le salon de son cousin et croque la vie à pleines dents. Chaque retour à Trondheim est également l’occasion pour l’éternel questionnement de la part de sa mère : et quand tu vas te marier ? Te poser ? Fonder une famille ? La vérité est que Ruth n’est pas du tout portée sur les enfants et consacrant toute son énergie à s'entraîner, à rester la meilleure : autant dire que le temps pour trouver quelqu’un est limité. La solitude ne la dérange pas, à dire vrai. Elle affectionne sa liberté, pourtant, elle est prête à avouer à qui veut bien l’écouter que parfois il lui manque une présence dans sa vie.

9 Février 2018, deuxième opération pour son unité. Ils sont renvoyés en Afghanistan. La première année se passe sans encombre jusqu’au jour où quatre enfants arrivent à l’entrée du campement militaire Norvégien. Affolés, paniqués : même les traducteurs ne comprennent pas ce qu’ils veulent dire. Ruth et les autres femmes sortirent de la tante de commandement. C’est Inga qui remarqua en premier les fils qui sortaient de leurs vestes. Malheureusement, elle n'a pas le temps de hurler quoique ce soit que les quatre enfants s’éparpillèrent et actionnèrent leurs bombes faisant 10 morts, 20 blessés dont Ruth. De ce moment, le major n’a que très peu de souvenirs. Hormis la douleur, la panique, les ordres hurlés… Tout est en réalité un flou teinté de rouges et de noir. Cependant, elle se souvient parfaitement avoir le corps et le visage couvert du sang de Judith qui l’avait protégé de son corps. Secourus par l’armée américaine, c’est le même homme qui l’a formé, qui l’a instruite qui ordonna qu’on coupe sa jambe infectée et transpercée de part en part par un éclat métallique.

11 De retour au pays, le moral est au plus bas pour le Major. Ruth avait absolument tout pour être heureuse. Elle faisait partie d’un groupe d’élite, son unité était sa famille, elle était respectée pour ne pas dire à l’apogée de sa carrière. Aujourd’hui, elle vit dans l’amertume des jours heureux. Elle vit avec le sentiment que jamais elle ne sera heureuse à nouveau comme elle l’avait été avec les femmes de son unité. Ruth n’avait tout simplement jamais imaginé faire partie des vétérans de guerre à qu’ils manquent un membre. Si parfois elle va bien, il y a des jours où le spleen est si fort, la douleur si lourde : qu’elle souhaite juste se laisser couler. Heureusement, elle peut compter sur Mia pour lui faire garder la tête hors de l’eau et d’un sourire chassé ses envies suicidaires.